Le "chien" des voisins
Mon fils était venu nous voir de Copenhague et il lisait sur la terrasse, pendant que je préparais le déjeuner. Tout à coup, il est venu me demander : « Est-ce que les voisins ont un grand chien ? ».
Je lui ai répondu que ce qu’il avait pris pour un chien devait être un chevreuil. De loin on peut se tromper, étant donné qu’ils n’ont pas de bois l’été. J’ai donc sorti mon appareil photo. Moi-même j’ai pris, un jour, un labrador pour un petit chevreuil. J’avais aperçu le pelage marron clair d’un animal derrière la haie. Comme j’étais justement en train de prendre des photos, j’étais allée vers l’ouverture que nous avons faite entre les deux jardins, pour pouvoir facilement aller de l’un à l’autre. Je m’étais postée là, prête à appuyer sur le déclencheur, car j’avais eu l’impression que le "chevreuil" allait bientôt passer chez nous. C’est en effet ce que l’animal avait fait, mais j’avais eu la surprise de me retrouver, toute bête, nez à nez avec un labrador. J’avais entendu ensuite son maître qui sifflait depuis la route pour l’appeler.
Me rappelant tout à coup cet épisode, je me suis dit qu’en fait il s’agissait peut-être en effet d’un chien qui profitait de l’absence de nos voisins pour se promener dans leur jardin. Mais quand je suis sortie sur la terrasse, j’ai vu un chevreuil qui s’était figé et qui nous fixait apeuré. Je l’ai photographié de loin avec le zoom et je me suis dit que, si nous nous approchions, il allait s’enfuir. J’ai donc discrètement fait signe à mon fils de me suivre en se déplaçant tout doucement sur le côté, jusqu’à ce que nous soyons cachés par la maison des voisins. Dès que nous avons été sûrs d’être hors de sa vue, nous avons longé la maison par derrière, au pas de course, pour aller le surprendre depuis la terrasse. Il nous a tout de suite repérés, mais il nous a fixés calmement. Nous avons tous les deux goûté cet instant magique, sans oser faire le moindre mouvement. Et puis la tentation de prendre une photo a été trop forte. J’ai levé l’appareil et j’ai juste eu le temps d’en prendre une seule, avant qu’il ne s’enfuie d’un bond.
Il y a souvent des chevreuils dans le jardin de nos voisins. Comme je me plaignais qu’ils ne s’arrêtent jamais chez moi, Bent m’a dit que c’était parce que je ne leur donnais pas à manger. Le lendemain, quand je suis allée mettre des graines de tournesol dans la mangeoire, j’en ai versé également sur l’herbe. Le résultat ne s’est pas fait attendre : le soir même, j’ai pu, pour la première fois, photographier un chevreuil dans mon jardin.
Mais je suis jalouse de Rie et Bent, car ils voient beaucoup plus de chevreuils que moi. Il faut dire que ceux-ci viennent surtout manger tôt le matin, vers 6 heures, et à cette heure là, je dors encore à poings fermés. Alors pour atténuer ma frustation, ils prennent des photos, pour me les montrer ensuite.
Cela me fait plaisir, mais ce n’est pas comme d’être à quelques mètres de ces merveilleux animaux et de plonger mon regard dans le leur. |